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Le Gouvernement dévoile son plan de relance de 100 milliards

Trois piliers, 70 mesures, 100 milliards d’euros… voici les grandes lignes du plan de relance présenté ce jeudi matin par le Premier ministre. L’objectif de l’Exécutif est clair : ramener l’économie française à son niveau d’avant crise d’ici à 2022 et favoriser la création de 200 000 emplois l’an prochain.

“France Relance” pour redresser la barre au plus vite 

Matignon affiche la couleur « Cela représente deux fois plus que ce qui a été engagé après la crise de 2008. Et il n’a pas d’équivalent actuellement en Europe si l’on rapporte notre effort à la richesse nationale (4 à 4,5 points de PIB), contre 3,7 % pour l’Allemagne ».

Ce plan, baptisé « France relance », a pour objectif de retrouver le niveau de croissance de 2019 d’ici la fin de l’année 2022. Pour y parvenir, le Gouvernement a mis au point 70 mesures pour soutenir l’offre et la demande. Elles se répartissent selon trois piliers : la transition énergétique, la relocalisation industrielle et la cohésion sociale et territoriale.

30 milliards pour la transition énergétique

30 milliards seront consacrés à la transition énergétique, en priorité dans les secteurs d’activité les plus polluants (transports, industrie, agriculture, etc.). Au sein de ce budget, 7 milliards d’euros seront dédiés à la rénovation énergétique des bâtiments, 5 milliards allant aux bâtiments publics (mairies, écoles, universités, Ehpad, etc.) et 2 milliards aux bâtiments privés, indique Matignon. En contrepartie, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a demandé aux entreprises du secteur d’utiliser le moins possible de travailleurs détachés.

Par ailleurs, la prime pour la rénovation énergétique, pour l’instant attribuée sur conditions de ressources, devrait être ouverte plus largement. Le transport ferroviaire et les modes de transports doux (comme le vélo) devraient bénéficier d’un « soutien massif », selon le gouvernement. Un volet sera également consacré à l’agro-environnement et l’agriculture biologique, comme l’avait promis le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Enfin, la recherche sur l’hydrogène, un gaz dit « propre », devrait bénéficier de 2milliards d’euros de crédits entre 2021 et 2022.

35 milliards pour les entreprises

Deuxième poste de dépenses, il est prévu environ 35 milliards pour la compétitivité des entreprises et la relocalisation industrielle, selon la répartition suivante : 32% du budget pour les petites et moyennes entreprises, 42% pour les entreprises de taille intermédiaire et 26% pour les grandes entreprises, selon Matignon.

La volonté est d’encourager les relocalisations industrielles dans six secteurs stratégiques, dont la santé, et baisser les impôts de production de 10 milliards d’euros en 2021 puis en 2022, une mesure appelée à être pérennisée. Les petites et moyennes entreprises bénéficieront quant à elles de 380 millions d’euros pour accélérer leur numérisation.

Sont aussi prévus 3 milliards pour renforcer les fonds propres des entreprises fragilisées par la crise et 1 milliard pour des investissements liés à l’innovation ou la relocalisation. L’exécutif prévoit également d’y affecter 11 milliards d’euros du Programme d’investissements d’avenir (PIA) déjà lancé.

Contreparties. Ces mesures d’aide seront compensées par des contreparties demandées aux entreprises, de trois ordres : environnemental, gouvernance (égalité femme-hommes) et partage de la valeur (via l’intéressement et la participation des salariés). Si les entreprises ne jouent pas le jeu, le « name and shame » sera utilisé – il s’agit d’une pratique anglo-saxonne qui consiste à désigner publiquement une entreprise qui se comporte mal.

35 milliards pour la cohésion territoriale

Enfin, la troisième catégorie de dépenses, 35 milliards d’euros, sera consacrée à la cohésion sociale et territoriale ainsi qu’à la solidarité. Pour le Premier ministre « Il s’agit d’investissements massifs dans les équipements hospitaliers, l’accélération du déploiement de la fibre ou la construction de logements ».

Plan jeunes. Le soutien à l’emploi aura aussi une place prépondérante dans ce volet. Une enveloppe de 6,7 milliards d’euros sera dédiée au « plan jeunes » pour encourager les entreprises à embaucher 500 000 d’entre eux, via « des parcours d’insertion aux métiers d’avenir, en lien avec les régions, soit par des formations qualifiantes« , précise Jean Castex.

6 milliards d’euros seront débloqués pour l’hôpital dans le cadre du Ségur de la santé, tandis que le “Plan pauvreté”, lancé en 2018 par le président de la République, va être doté de 200 millions d’euros supplémentaires en soutien des associations qui luttent contre l’exclusion.

Par ailleurs, 7,6 milliards d’euros seront dédiés à la création d’un « bouclier anti-chômage » combinant soutien à l’activité partielle de longue durée et formation à de nouvelles compétences, comme la rénovation énergétique. Ce plan contiendra également une aide de 100 millions d’euros pour les entreprises qui embaucheront des personnes handicapées, sans limite d’âge.

Une facture allégée pour les finances publiques ? 

Le Premier ministre a annoncé que la note globale serait de “80 milliards d’euros”, et non de 100 milliards, du fait que « certaines mesures sont financées par les partenaires de l’Etat, comme la Caisse des dépôts ou la Banque publique d’investissement, ou encore parce que certaines aides, notamment à la SNCF, prendront la forme d’apports en capital, qui ne jouent pas sur le déficit« .

L’Etat pourra également compter sur environ « 40 milliards d’euros de subventions » européennes, a indiqué fin juillet le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, après que les pays membres de l’UE se sont accordés sur un plan de relance de 750 milliards d’euros. Le reste sera quasi entièrement financé grâce à un emprunt de l’Etat.

Pour rembourser cette aide massive, le gouvernement compte sur « la croissance » et pas sur « l’impôt« , assure Matignon. « Je le redis et je veux que les Français en soient convaincus : il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. C’est l’erreur qui a été commise lors de la dernière crise et nous ne la reproduirons pas« , assure Jean Castex.

Source : Galivel & Associés