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Le projet de rénovation de La Samaritaine validé

Le Conseil d’État a finalement validé le projet de rénovation de La Samaritaine, bloqué depuis 6 mois par l’annulation, par deux juridictions administratives, de deux permis de construire.

Après une longue bataille procédurale, le Conseil d’État a finalement validé le projet de rénovation du célèbre magasin parisien La Samaritaine, bloqué depuis six mois par l’annulation, par deux juridictions administratives, de deux permis de construire. Les sages du Palais-Royal ont cassé le jugement du tribunal administratif et l’arrêt de la cour administrative d’appel de Paris qui avaient annulé les deux permis. Ils ont également rejeté définitivement tous les recours formés contre le projet architectural de l’agence japonaise Sanaa, estimant qu’il « ne méconnaissait pas » les règles du plan local d’urbanisme (PLU) parisien.

Les juges ont suivi l’avis du rapporteur public, qui avait demandé à la plus haute juridiction administrative « de laisser s’écrire, rue de Rivoli, une nouvelle page de l’histoire de l’architecture de Paris ». La décision du Conseil d’État « valide définitivement le permis de construire portant sur la rénovation du bâtiment situé rue de Rivoli », s’est félicité le groupe LVMH du milliardaire Bernard Arnault, propriétaire du magasin qui avait saisi le Conseil d’État, en dernier recours, pour sauver le projet.

Après des mois d’interruption, « la Samaritaine se prépare à reprendre ce chantier ambitieux de réhabilitation et de rénovation de l’ensemble du site », s’est également réjoui le groupe.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a également salué, « après plus de deux ans de contentieux », une décision « qui va permettre de mener à bien une oeuvre architecturale majeure » et « confirme qu’il est aujourd’hui possible à Paris de faire cohabiter un profond respect du patrimoine et la promotion d’une architecture contemporaine innovante ».

A l’origine de ce bras de fer figuraient plusieurs associations, dont la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de France (SPPEF), qui contestaient la conformité du projet avec le plan local d’urbanisme (PLU) de la ville de Paris.

La partie du projet au centre du litige concernait la construction d’une façade, longue de 73 mètres et haute de 25 mètres, avec un habillage de verre transparent doté d’ondulations verticales.

Un investissement de plus de 460 millions d’euros

Dans son arrêt, le Conseil d’État a estimé que la cour administrative d’appel avait retenu une interprétation trop restrictive des règles du PLU parisien en jugeant que le projet architectural de restructuration de l’ancien magasin N°4 de La Samaritaine posait un problème d’intégration dans le tissu urbain existant.

Selon la cour administrative d’appel, « toute construction nouvelle » se devait « de prendre en compte les caractéristiques des façades et couvertures des bâtiments voisins, ainsi que celles du site dans lequel elle s’insère ». Sur ce fondement, elle avait jugé que la façade en verre du nouveau bâtiment ne correspondait pas au PLU.

Le Conseil d’État a considéré que cet arrêt n’avait pas « assez tenu compte » d’autres passages du PLU qui « venaient tempérer l’exigence d’insertion dans le tissu urbain existant ». Il a ainsi constaté que le texte affichait aussi « le souci d’éviter le +mimétisme architectural+ et autorisait, dans une certaine mesure, la délivrance de permis pour des projets d’architecture contemporaine pour s’écarter des +registres dominants+ de l’architecture parisienne en matière d’apparence des bâtiments, et pouvant retenir des matériaux ou teintes +innovants+ ».

C’est sur la base de cette interprétation que les sages ont jugé le projet conforme au droit, en soulignant également « l’hétérogénéité stylistique des bâtiments de cette partie de la rue de Rivoli » qui comprend « des édifices Art Nouveau, Art Déco et d’autres styles s’écartant déjà du style haussmannien ».

Fermé depuis 2005, La Samaritaine fait l’objet d’une rénovation majeure qui doit déboucher sur l’ouverture d’un nouvel espace comprenant des commerces, un hôtel de luxe, des bureaux, une centaine de logements sociaux et une crèche.

LVMH précise que « les trois années de travaux devraient générer 1.800 emplois » et que « l’ensemble, ainsi rénové, permettra la création de plus de 2.200 emplois directs ». Le projet de rénovation lui-même s’appuie sur un investissement total d’au moins 460 millions d’euros, sans compter les frais liés au bras de fer judiciaire.

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/