Ian Brossat veut bloquer les loyers à Paris
Après avoir obtenu de l’État de pouvoir de nouveau encadrer les loyers, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé du logement, réclame désormais de pouvoir les geler. L’élu veut s’inspirer de l’exemple de Berlin.
Berlin a décidé de le faire, Paris veut l’imiter. Après avoir obtenu de l’État de pouvoir encadrer les loyers, la mairie souhaite désormais les bloquer. C’est un des adjoints d’Anne Hidalgo qui a fait cette proposition. «J’aimerais que nous puissions bloquer les loyers à Paris», a déclaré l’élu municipal en charge du logement sur Cnews. Dans le monde, seule Berlin a décidé de prendre une telle mesure qui devrait entrer en vigueur au début de l’année 2020.
En France, la loi logement, promulguée en novembre dernier, permet aux maires, qui en font la demande, de limiter la hausse des loyers pendant cinq ans. Comme entre 2015 et 2017, la mairie de Paris a remis en place, depuis le 1er juillet, ce dispositif qui avait été annulé pr la justice il y a environs deux ans. Mais aucun texte législatif ne permet aux villes d’aller plus loin. Ce que réclame Ian Brossat. «En France, un maire n’a pas le pouvoir de bloquer les loyers. Il a besoin de l’État pour le faire. L’État devrait nous donner les moyens de remettre de la régulation dans ce secteur privé qui est devenu fou».
À six mois des élections municipales, le bras de fer est engagé entre la mairie de Paris et ses opposants. Si le candidat LREM à la mairie de Paris Benjamin Griveaux partage l’avis de Ian Brossat concernant le marché de l’ancien «devenu fou», le parallèle s’arrête là. Pour le reste, l’ancien porte-parole du gouvernement et l’adjoint d’Anne Hidalgo sont en profond désaccord pour lutter contre le départ des Parisiens.
Le premier souhaite développer les logements intermédiaires pour les classes moyennes quand le second veut mettre l’accent sur le gel des loyers. «Quand on choisit de laisser les clés à Ian Brossat, on applique le communisme municipal. Résultat: Paris perd 12.000 habitants par an depuis cinq ans. Essentiellement les classes moyennes», déplore l’ancien porte-parole du gouvernement mardi dans Le parisien. Ce à quoi Ian Brossat répond. «Sur les 7500 logements sociaux que nous créons chaque année, ils sont pour un tiers destinés aux classes moyennes, comme les infirmières, les professeurs, les policiers, les militaires. S’il n’y avait pas eu autant d’efforts pour produire du logement social, ces catégories-là auraient disparu».
Au milieu de ce bras de fer, le gouvernement rappelle que la loi logement a prévu la mise en place d’un observatoire des loyers destiné à suivre leur évolution dans les villes qui auront mis en place le dispositif. Pour l’heure, il s’en tient à l’encadrement des loyers. «Je suis pour l’encadrement des loyers et n’ai aucun dogmatisme, a déclaré Julien Denormandie, ministre, chargé du logement, lundi sur Radio Classique. À Paris, lorsque vous êtes étudiant, d’une classe modeste ou une femme à la tête d’une famille monoparentale, c’est de plus en plus impossible de se loger. On ne peut pas rester immobile». Une position plus tranchée que celle du président Macron qui ne croit pas en effet en les effets bénéfiques de l’encadrement des loyers.